La première véritable intégrale des mélodies de Debussy

L'imposant coffret de 4 disques publié par Ligia est consacré à la première véritable intégrale des mélodies de Debussy. Six chanteurs se partagent l'imposant corpus de 101 titres, accompagnés par un piano de rêve : celui qui appartint à Claude-Achille lui-même.


Berlioz, Duparc, Poulenc : la mise en musique de textes poétiques a connu de vrais sommets chez les compositeurs français. Les 4h40 passées à l'écoute des mélodies de Debussy propulsent l'auditeur sur une planète dont on ne voudrait jamais redescendre.Verlaine, Musset, Baudelaire, Mallarmé, Villon,...mis en notes par Claude-Achille.
Les mélodies sont présentées dans l'ordre chronologique et dans toutes leurs différentes versions. On passe ainsi des premiers opus assez virtuoses conçus pour la voix agile de Marie Vasnier, qui séduisit tant le jeune Achille-Claude, à des opus quasi-symphoniques ( les wagnériens Cinq poèmes de Baudelaire) pour aboutir enfin à la déclamation, si originale dans son approche du mot, de Pelléas et Mélisande.
La soprano Liliana Faraon assure la quasi-totalité de la première période. Le timbre sonne un peu à l'ancienne. On lui préférera le soprano plus naturel de Magali Léger. Chaque intervention de Marie-Ange Todorovitch est une leçon. On est heureux de retrouver le merveilleux Pelléas que fut François Le Roux ainsi que le beau diseur qu'est souvent Gilles Ragon: leur indéniable engagement ne peut masquer ça et là le broutille d'un brin de fatigue face à l'aigu qui passe.
Ce voyage de première classe se conclut (avant un bonus caché) par un émouvant Noël des enfants qui n'ont plus de maison où le jeune Antonin Rondepierre nous fait entendre un parfait Yniold.

La véritable vedette de cette essentielle parution (dotée d'un énorme livret de 236 pages à faire pâlir de jalousie tous les téléchargeurs), c'est le piano Blüthner de Debussy sous les doigts fervents de Jean-louis Haguenauer. Profondeur jamais envahissante, irisations extra-terrestres, prise de son en osmose : le sentiment que c'est le compositeur lui-même qui nous invite à pénétrer dans les secrets de la composition. On sait enfin comment s'est construit le style vocal du compositeur de Pelléas.

Jean-Luc Clairet (resmusica.com)